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Sujet: ▬ Une petite surprise ♥ | Rachel & Nathan Dim 7 Mar - 0:13 | |
| Et j’aurais pu tout aussi bien accepté de reprendre une vie tout à fait normale, si, dans mon incroyable caractère de masochiste, il n’y avait pas cette aptitude à toujours recherché l’inspiration dans la souffrance. Ou dans ce cas, dans un mal être physique presque insupportable. Il l’aurait sans doute été si en contrepartie à ce lunatisme, je ne trouvais pas une complaisance certaine dans l’extravagance et l’affligeante Faculté que j’avais à me mettre en scène sans que jamais ce ne soit ridicule. J’assumais tout bonnement ce que j’étais, et le don que j’avais reçu grâce à l’éloquence et le charme me permettait de me rendre où bon me semblait sans risquer de m’en faire rejeter. Et de plus, cela me permettait de me faufiler dans les esprits faibles, de scientifiques confirmés qui pensaient que tout peut être expliqué par la logique et la physique. Et l’esprit dans tout cela, où se plaçait-il. Je ne pourrais dire que je ne puisse m’entendre avec de tel personnage, mais ils m’apparaissaient que trop peu intéressant, et ne rester qu’un temps avec eux me suffisait pour les comprendre. Que ce soit des hommes ou des femmes. Et en parlant de femme justement, Haley m'avait abandonnée... Je n’avais pas réellement eu le temps d’y penser, et à y réfléchir de plus près le manque n’était pas le sentiment le plus présent dans mon esprit d’élève en plein délire d’apprentissage. Je lisais beaucoup trop pour mon bien ces temps-ci et des romans dont la vanité se trouvait dans les mots plus que dans le sens de ces derniers. L’esthétique était un choix principal dans l’art d’écrire, bien que certains écrivains souhaitent se faire reconnaître en l’ignorant, dans une attitude qui en se voulant détachée, se trouvait plutôt égoïste. A mon sens, un roman qui ne saurait se satisfaire d’être intéressant devait au moins se complaire à être beau et bien écrit. Malheureusement, des auteurs bien curieux se plaisaient à expliquer leur manière de faire, et ceux dans des écrits personnelles, employant l’autobiographie, dans un cadre métaphysique douteux, qui donnaient à leurs esprits des images de détraquées. Et je le répète, il n’y avait de meilleurs écrivains que les incompris et les éternels lunatiques. Ceux-ci semblaient voir compris d’où venait l’inspiration et comment fonctionnaient les êtres. Je n’avais pas la prétention de croire que j’en étais arrivé à une telle ambiguïté dans mon envie de créer, mais du moins je m’approchais un peu plus de cet idéal chaque fois que j’ouvrais les œuvres de Stendhal, de Rimbaud ou de Kafka. Je préparais d’ailleurs ma thèse sur ce dernier en m’imprégnant de son œuvre et de ses sources. Cela m’avait coûté quelques nuits blanches et surtout une obsession qui devenait récurrente à force. Ce soir-là j’aurais souhaité me plonger de nouveau dans mes bouquins, mais j’en devenais associable, et je sentais le mal être de mes colocataires à me voir si peu encourageant dans mes échanges et mon humeur. Aussi, alors que sept heure sonnait à la montre de William, je sortis de la contemplation de mes feuilles noircies par l’encre de mes pensés étudiantes, et me pris d’envie d’une douche relaxante et d’une soirée en bonne et du forme. L’eau calma mon excitation et durant un moment je me laissais aller à fermer les yeux et à me vider l’esprit. Je me sentais bien, seul dans l’infinie douceur d’une exaltation qui me manquait depuis bien longtemps maintenant. C’était ainsi lorsque l’art nous passionné et je doutais qu’un scientifique puisse ne serait-ce que le comprendre ou tout du moins le connaître. Une telle ambition dans la vie, une telle joie de le vivre et surtout une telle passion dans chaque geste du quotidien que l’on en venait à ne vivre que pour cela en oubliant ce que nous étions en tant qu’individus. En dehors de l’art, je me perdais pour n’être qu’un mec banal dans une infinité d’autres mecs. C’était presque déprimant de le penser, mais ce soir c’est de cela dont j’avais besoin et je le savais. J’avais envie de retrouver l’esprit libertin d’un adolescent en manque de fille et de sexe. Un garçon qui trouvait un certain ravissement à faire de chaque action de sa vie quotidienne une montagne de difficulté. A chaque rencontre, en faire une ange ou une sublimation idiote et si plaisante à croire. J’avais envie de voir du monde simplement, et ce soudain élan de sociabilité – bien qu’il ne fut pas exceptionnel – me semblait étonnant. Je sortis de la cabine, et empruntais de nouveau le chemin de la chambre sans m’inquiéter d’y trouver un mec, alors que je ne portais qu’une serviette autour de la taille. Je me dirigeais vers ma chambre et m'habilla: Un jean bleu marine troué, une chemise blanche d’un goût exquise et mes éternelles boots. Je m’emparais de mon portable et sortis de la chambre, et sachant pertinemment où je me dirigeais. J'allais chez Rachel. Ma meilleure amie qui me manquait tant.
J'arrivais devant sa maison rapidement et frappa sur la porte trois fois. Et Rachel ouvrit la porte.
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